Modèle : Phildar, n°12 catalogue 63 ■ Fil : Phildar, Taïga coloris Beige
Je m’étais toujours dit que, le jour où je saurais que j’étais enceinte, je commencerais illico une petite couverture en crochet. Un petit carré par jour, patiemment, pour faire de cette couverture une sorte de chemin qui m’amènerait, carré après carré, vers la rencontre avec mon enfant (c’est beauuuuu…).
Hum.
En réalité, lorsque j’ai su que j’étais enceinte, je me suis dit que j’avais bien assez de neuf mois pour faire une couverture, que ça pouvait attendre le congé mat’, et qu’auparavant, j’avais bien le temps de me faire un p’tit gilet irlandais pour moi toute seule, héhé! (et en plus dans les bouquins ils déconseillent de couvrir les bébés avec une couverture, oh, la parfaite excuse pour différer ce projet!!)
Sauf que le p’tit gilet en question, il m’a pris tellement de temps que je l’ai seulement terminé la semaine dernière, et que, du coup, bah, zut alors, je n’ai plus du tout le temps pour la couverture (tu comprends Déborah à quel point j’ai été ravie de recevoir la tienne, ça a un peu racheté mon égoïsme…!).
Si vous suivez un peu mes élucubrations scripturales, vous n’avez cependant pas manqué de voir que, entre-temps, j’ai tout de même tricoté des trucs pour mon marmot/ma marmotte, hein, je n’ai tout de même pas pensé qu’à moi! (et il y en a encore à venir, il faut que je prenne les photos!) D’ailleurs, ça m’a un peu sauvée, car je pense que, sans pauses, j’aurais fini par laisser ce tricot de côté pour le reprendre un peu plus tard, tellement il m’a paru interminable.
Je bavais sur le modèle depuis un long moment, sans oser me lancer, et dès que je l’ai commencé, j’ai compris pourquoi j’avais mis tant de temps avant de m’y mettre.
Déjà, sachez que je tricote toujours avec des aiguilles plus fines que préconisé. C’est extrêmement rare que mon échantillon tombe juste. Donc, lorsque je vois « aiguilles 3,5 « , je sais d’emblée que je vais me taper un tricot en 3, voir en 2,5. A moins d’être totalement inconsciente, je suis sûre qu’aucune de vous ne se lance dans un tricot avec d’aussi fines aiguilles sans avoir auparavant longuement médité sur l’implication temporelle que ça entraînera. Surtout pour une psychorigide telle que moi, qui ne PEUT RIEN COMMENCER avant d’avoir terminé son ouvrage précédent. Heureusement que j’ai réussi à convaincre mon petit cerveau que la layette n’avait riiiien à voir avec le tricot pour adulte, sinon je n’aurais jamais pu m’autoriser de telles déviations! (oui oui, lorsque je parle de rigidité, je pèse mes mots!)
(cette photo, c’est juste pour que vous admiriez le motif de la manche, hein, d’ailleurs, je suis certaine que c’est la seule chose qui a attiré votre attention… Non?!)
Ensuite, commencer un gilet Phildar signifie aussi systématiquement pour moi que je vais devoir le rallonger, autant au niveau des manches qu’au niveau du corps. Rallonger = passer encoooore plus de temps dessus.
Et enfin, opter pour un gilet à manches longues, torsades, point de blé, noppes à rajouter une par une à la fin et bandes de côtes en finition, c’est juste signer son arrêt de mort tricotesque pour les cinq mois à venir (j’exagère à peine).
En gros, on peut donc conclure que me lancer dans ce gilet était une preuve de plus que la grossesse m’avait rééllement déconnecté les quelques neurones que je possédais jusqu’alors.
(et là, hop, discrétos, on passe à une deuxième série de photo… Quoââââ? Il m’a pris tellement de temps, celui-ci, que j’ai bien le droit de le regarder sous tous les angles et de le porter avec toutes les fringues de ma garde-robe, non?!)
Evidemment, comme pour tout tricot, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir des doutes durant tout le temps passé à le faire… Et s’il était trop petit? Et si la couleur ne m’allait pas? (bah oui, du beige, c’est une grande première pour moi!) Et si la coupe ne donnait rien? Etc, etc.
Vous imaginez bien que, lorsque j’ai enfin terminé les cinq parties qui composent ce gilet, lorsque j’ai enfin fini de coudre les jenesaiscombiendenoppes qui l’ornent, et que je suis enfin passée au montage final, le stress était à son comble!
HEUREUSEMENT… tout va bien!!
Il me plaît, il me va, il est suffisamment basique pour aller avec la totalité de ma garde-robe, et j’adore sa couleur! OUF!!
Bon, euh, la seule inconnue est : mais que donne donc ce gilet fermé?? Etant donné mon diamètre nombrilesque qui dépasse actuellement le mètre, je ne saurais vous donner la réponse avant la fin du mois… (bon, après, j’avoue que je m’en fiche un peu, je porte généralement mes gilets ouverts, j’ai du mal avec le côté Marie-Chantal que me donnent les gilets boutonnés…)
Pour la petite fiche technique, vous saurez donc que ce mââââgnifique gilet est tricoté dans un fil nommé « Taïga » (qui a été entièrement soldé et liquidé ces dernières semaines, il me semble), à l’aspect un peu rêche et irrégulier, qui colle parfaitement bien avec le côté rustique du gilet.
Il se compose de trois points différents : torsades, losanges au point de blé, et losanges au point de blé entourés de corde (vous pouvez bien voir tous les points sur les photos du dos, tout en bas de l’article).
J’ai fait le dos en 36, et le reste en 38, un peu affolée de voir l’étroitesse du dos – pourtant, j’avais les bonnes dimensions, mais je voulais quelque chose d’un peu ample qui fasse davantage veste que petit gilet. Pour la même raison, j’ai tout rallongé.
Les noppes ont été tricotées séparément et cousues à la fin : j’aurais pu les faire en même temps que le reste, en les intégrant dans le tricot, mais je trouve que cette technique leur donne une plus jolie forme, davantage de relief et de rondeur. Donc j’ai préféré m’en rajouter encore un peu, mais être totalement satisfaite de mon travail.
Alors, finalement, je n’ai pas fait de couverture pour le petiot/la petiote, certes, mais je sais que je garderai ce gilet très, très longtemps, et que chaque fois que je le porterai, je me souviendrai l’avoir tricoté durant les mois où je sentais les petits pieds de mon bébé gigoter dans mon ventre, sous mes aiguilles à tricoter. Et finalement, l’idée me plaît autant!
(bon, et si j’accouche demain d’un petit rouquin ou d’une petite rouquine à taches de rousseur, j’aurais la preuve scientifique que les tricots réalisés durant une grossesse influencent les gènes transmis au foetus!!)
Et j’ai réussi mon challenge : promis-juré, j’aurai ce gilet sur le dos lorsque je partirai pour la maternité! D’ailleurs, j’ai déjà glissé les pelotes du prochain tricot dans la fameuse valise : un gilet SANS AUCUNE finition, en aiguilles 4,5-5! Yihaaaa!
Voilà… Comme d’habitude, j’ai réussi à écrire une tartine pas possible à propos d’un simple gilet qui n’avait rien demandé, et, en plus, je crois bien que c’est l’article le plus fourni en photos que j’aie jamais écrit… Mais bon, tout ça est proportionnel au temps passé dessus! Et, puis, ce sont a priori les dernières photos sur lesquelles j’arbore un bidon tout rond, alors j’en profite! (enfin, il y en aura probablement d’autres un jour, mais pas tout de suite, hein!)
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Bon, vous en pensez quoi, alors? Je vous en ai tellement rebattu les oreilles, de ce tricot, que j’espère ne pas vous avoir déçues!!
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L’avis de Monsieur (attention, lui aussi a été en verve!) :
« Ohoh, mais, c’est très en relief, tout ça, dis-moi! » ( remarque accompagnée d’un palpage énergique de ma pauvre omoplate)
puis :
« On t’a connue plus originale au niveau des couleurs… » (aaah oui, c’est sûr, pour une fois, ce n’est ni violet, ni mauve, ni rose, ni parme, ni bordeaux : Monsieur est tout dépaysé : est-ce bien sa chérie qui se cache sous cette couleur si neutre?!)
et enfin :
« Mais! Tu as volé le tricot du chat!! » (il faut savoir que, durant toute la confection du pull, si j’avais le malheur de laisser un morceau traîner hors de mon sac à tricot, je retrouvais systématiquement Félicie installée dessus… Monsieur en avait donc déduit qu’il était impensable que ce tricot devienne autre chose qu’une couverture pour chat! Enfin, ne vous inquiétez pas, la tigrette sait toujours se trouver de bonnes places, ce n’est pas la perte de mon tricot qui va l’empêcher de ronfler! )
(oui, je sais, c’est pathologique, même mes taies d’oreiller sont rose, mauve et/ou fleuries!)
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Edit suite à vos questions dans les commentaires :
- les bottes des premières photos sont de très vieilles Kickers (au moins 4 ans)
- les bottines de la deuxième série étaient soldées chez Somewhere le mois dernier
- les boutons du gilet sont ceux du modèle : il en restait un kit perdu au fond d’un tiroir dans la boutique, et l’adorable dame de chez Phildar me les a très gentiment offerts – ils étaient trop larges (Phildar avait sorti deux tailles de ces boutons, et ce n’était pas la bonne), j’ai donc profité de mes vacances à Nancy en décembre pour embaucher mon père et sa scie sauteuse! Un ptit coup de ponçage et de vernis par-dessus, et hop, les petits étaient parés pour leur nouvelle vie!
Voili voilou, vous savez tout!